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Qu'est ce que l’hypnose?

Extrait de mon mémoire de Diplôme InterUniversitaire d’hypnose Médicale -

 

Voyage en hypnose au bloc opératoire - Université de Montpellier Faculté de Médecine - Année universitaire : 2019/2020

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Mémoire présenté par Alexandre Goyard & Eric Naute

 

Aujourd’hui, les bénéfices de l’hypnose médicale sont reconnus dans de nombreux domaines thérapeutiques et notamment l’anesthésiologie (Académie de médecine 2013 / Rapport Inserm 2015 / SFAR 2019).

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Cependant, il est encore difficile, voire risqué de définir cet ensemble complexe qu’est l’hypnose. Antoine Bioy dans le « Que sais-je » dédié à l’hypnose n’écrit-il pas : « L’HYPNOSE N’EXISTE PAS EN TANT QUE TELLE. C’EST UN MOT QUI DÉSIGNE UN ÉTAT PARTICULIER DE TRANSE ET SES APPLICATIONS (DANS UN CONTEXTE OCCIDENTAL ET CONTEMPORAIN). »

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Sans vouloir créer de confusion, c’est donc à travers un historique non-exhaustif que nous ne définirons pas l’hypnose. Nous aborderons, plutôt, les théories des principaux acteurs de cette discipline afin d’en retenir ce qui semble être ses composants essentiels.

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La volonté de déterminer ces caractéristiques de façon scientifique remontent à un peu plus de 200 ans. Cependant, la réalité physiologique de l’hypnose n’a pu être démontré que très récemment avec l’avènement des neurosciences.

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Interprétation de l'hypnose à travers le temps : la transe

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Une transe peut se définir comme les variations d’un état de conscience en réponse à un élément de contexte et est perçue par un sujet comme inhabituelles en qualité ou en intensité (A. Bioy,2020).

 

Les découvertes archéologiques et historiques de différentes civilisations présupposent que les états de transe, liés à un contexte magico-religieux, faisaient partie des pratiques thérapeutiques. Si on admet la parenté entre l’hypnose et les différentes formes de transe, alors on peut constater que son histoire nous fait remonter très loin dans le temps (Grotte de Lascaux, Papyrus d’Ebers, incantations, paroles allégoriques, chamanisme etc.…).

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On peut dire que l’hypnose est une discipline en perpétuel mouvement qui prend vie au travers des croyances, des modèles et des connaissances d’une époque.

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Du magnétisme à la suggestion

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Notons qu’à cette époque les médecins commencent à s’appuyer sur un autre pilier que la religion : la science. C’est le siècle des Lumières.

 

La majorité des auteurs s’accorde à dire que l’histoire de l’hypnose, telle que nous la connaissons dans notre civilisation occidentale, débute au XVIIIème siècle avec Franz Anton Mesmer (1734-1815) médecin autrichien exilé en France.

Mesmer propose un modèle basé sur l’existence d’un fluide magnétique qui emplirait tout l’univers. Ce dernier serait présent en toute chose. Il postule que c’est une mauvaise répartition de ce fluide dans le corps qui serait à l’origine des maladies. Selon lui, le rôle du magnétiseur est d’harmoniser cette répartition en mettant le patient en transe.

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En 1784, une commission d’étude conclut que la méthode possède une efficacité thérapeutique incontestable. Cependant la théorie du fluide est récusée. Les membres de la commission attribuent les effets à quatre facteurs : l’effet d’attente, l’imagination, l’imitation et la charge émotionnelle.

 

La pratique de Mesmer est basée sur une importante mise en scène. De plus, le rôle du magnétiseur est central. En apparence elle s’éloigne de l’hypnose thérapeutique d’aujourd’hui. Cependant elle place aussi au centre du dispositif thérapeutique : la transe, une relation particulière, les suggestions et l’imaginaire. Ces derniers éléments sont essentiels à l’hypnose thérapeutique pratiquée aujourd’hui.

 

Un des disciples les plus célèbres de Mesmer fut le marquis de Puységur (1751-1825). Il reste attaché au concept du magnétisme mais remet en cause la nécessité d’une crise magnétique (convulsions) pour obtenir des résultats. Il crée sa propre méthode : le « somnambulisme » en raison de ses caractéristiques qui étaient proches à la fois du sommeil et d’un état vigile.

Le « somnambulisme » de Puységur place le patient au centre du processus thérapeutique et c’est l’état somnambulique qui permet au potentiel thérapeutique de s’exprimer. Les bases de ce qui deviendra l’hypnose sont posées.

 

Opposé à l’explication par le magnétisme animal, James Braid (1795-1860), chirurgien écossais propose en 1843, pour la première fois, le terme d’hypnose pour remplacer le terme de magnétisme animal. Il prend appui sur le mot grec hupnos qui désigne le sommeil car pour lui, l’hypnose ne serait qu’un « sommeil nerveux » donc uniquement physiologique. Bien plus tard, les neurosciences montreront qu’il s’est trompé et que l’hypnose n’est pas un état de sommeil profond.

 

Notons qu’en 1829, 17 ans avant la première anesthésie médicamenteuse, le chirurgien français Jules Cloquet (1790-1883) réalise la première intervention chirurgicale sous « sommeil-magnétique » : une tumorectomie mammaire avec curage ganglionnaire.

 

 

Entre 1845 et 1851, James Esdaile (1808-1859), chirurgien écossais, publie la plus importante série (261 patients) d'opérations réalisées avec, comme seul agent anesthésique, l’hypnose (amputations, hernies étranglées, tumeurs scrotales).

 

En 1859, le professeur Velpeau, alors acquis à la chirurgie sous anesthésie au chloroforme grâce à laquelle il effectua une première amputation dès 1847, présenta à l’académie de médecine l’ablation d’une tumeur anale sous hypnose avec les Dr Azam et Broca.

 

Les nouvelles techniques anesthésiques (éther, chloroforme) feront disparaître l’hypnose des blocs opératoires. Cependant, l’anesthésie « mesmérique » ou « magnétique » préfigure ce que seront l’hypnoanalgésie et l’hypnosédation du Dr M.E Faymonville.

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Vers l'hypnose contemporaine 

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Le premier congrès international de l’hypnotisme expérimental et thérapeutique fut tenu à l’Hôtel-Dieu, à Paris, du 8 au 12 aout 1889, sous la présidence Charcot. Parmi les participants, nous trouvons Liébeault, Bernheim, Janet, Babinski, Freud et un montpelliérain : le docteur Grasset.

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Entre le XIXème et le XXème siècle, les réflexions et les oppositions de deux écoles de pensée (La Salpêtrière/Nancy) qui se disputent la vérité sur l’hypnose, permettent une meilleure compréhension de celle-ci.

 

L’importance des suggestions dans le phénomène hypnotique est démontrée par Hippolyte Bernheim (1840-1919) de l’école de Nancy. Il exprime sa propre théorie : « la loi de l’idéo-dynamisme ». Selon lui, toute idée suggérée se transforme en acte ou le neutralise (sensation, émotion ou acte organique).

Il affirme catégoriquement que « les phénomènes de suggestion ne sont pas fonction d’un état magnétique (voir Mesmer), ni d’un état hypnotique (voir Braid), ni d’un sommeil provoqué (voir Liébault). Ils sont fonction d’une propriété physiologique du cerveau qui peut être actionnée à l’état de veille, la suggestibilité ».

 

Le célèbre neurologue Jean Martin Charcot (1825-1893) de l’école de La Salpêtrière qui défendait une conception essentiellement physiologique de l’hypnose et qui affirmait qu’elle était une manifestation de l’hystérie voit ses convictions révoquées juste après sa mort.

Cependant, ce jugement freinera longtemps le développement de l’hypnose et elle sera supplantée par la naissance de la psychanalyse. Notons que, c’est auprès de Charcot puis de Bernheim que Sigmund Freud (1856-1939) s’inspire pour élaborer ses théories.

 

Précisons que, jusqu’aux deux tiers du XXème siècle, l’hypnose se pratique de façon très directive et autoritaire. La suggestion est une sorte de « greffe psychique » qui impose une solution au patient par la diminution des résistances induite par la transe. Le ton employé, les suggestions directes, le positionnement du thérapeute renvoient à une forme de paternalisme médical. C’est le classique : « Fermez les yeux et dormez, je le veux ».

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La nouvelle hypnose

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Le renouveau de l’hypnose vient des États-Unis au milieu du XXème siècle avec le docteur Milton Erickson (1901-1980), psychiatre américain. Atteint de poliomyélite, sa façon de percevoir et de valoriser l’hypnose relève très certainement en partie de son histoire personnelle.

 

Erickson, à l’inverse de l’approche directive et autoritaire propose l’utilisation de suggestions indirectes et de métaphores. Le classique devient : « Vous pouvez garder les yeux ouverts ou fermés, cela n’est pas important ».

Dans l’hypnose ericksonienne, le travail de la suggestion, aidé par la transe, est de permettre au patient d’aller vers une solution personnelle, un changement.

Cette nouvelle pratique fait de l’hypnose une pratique qui n’est plus réservée à quelques patients particuliers. Elle amplifie les capacités hypnotiques de la personne. Acceptation, confiance et motivation en sont les mots clés.

Considérant l’hypnose comme un état naturel, il insiste sur le fait que chaque problématique est individuelle et replace le patient en tant qu’acteur de sa prise en charge.

 

 L’approche ericksonienne met en avant « l’art de communiquer »: 

« Au fil de son histoire, l’hypnose a considérablement développé un art de communiquer qui constitue une véritable rhétorique hypnotique. Celle-ci comporte un certain nombre de principes et de moyens qui ont été mis en évidence et répertoriés, souvent après avoir été pratiqués d’une manière empirique et intuitive. C’est à Milton Erickson que l’on doit nombre d’entre eux. » (Melchior, 1998)

 

Elle propose également de reconsidérer le rôle de l’inconscient qui est compris comme une puissante ressource thérapeutique.

 

Notons que ses travaux influenceront plusieurs approches existant en psychothérapie : la thérapie systémique et stratégique, l’école de Palo Alto sur la communication et la PNL (Programmation Neurolinguistique).

 

Dans les années 1950 à 1970, E.R Hilgard (1904-2001) explore les liens entre hypnose et processus dissociatifs. Il explique comment le ressenti douloureux peut être mis à distance. Le processus dissociatif permet à une partie de l’expérience douloureuse de ne plus être directement accessible à la conscience du patient. La notion de souffrance est mise à distance des processus de conscience.

 

En France, c’est au travers du docteur Léon Chertok (1911-1991) que l’hypnose revient dans le champ de la médecine. Il met en avant le principe que l’ « on peut provoquer un changement corporel au niveau cellulaire par des moyens purement psychologiques ». On citera également pour leur contribution à la compréhension, la recherche et les applications cliniques de l’hypnose M. Didier Michaux, le docteur Jean Godin et François Roustang.

 

La frise que nous avons réalisée ci-dessous tente de regrouper l’ensemble des théories et les grands personnages en lien avec l’hypnose de façon chronologique.

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Comment agit l'hypnose ? 

Douleurs

Douleurs

En 1997, le chercheur canadien Pierre Rainville a pu montrer que l’hypnoanalgésie obtenue en hypnose correspond à la modulation de deux zones clés de la matrice corticale de la douleur : le cortex cingulaire antérieur et le cortex somatosensoriel. (Pierre Rainville et coll., 1997)

 

            Au début des années 2000, la professeure en anesthésie Marie-Elisabeth Faymonville a réussi à établir que la connectivité de la matrice corticale de la douleur est modifiée par l’hypnose (M.E Faymonville, 2006).

 

            On sait enfin que l’hypnose a également une action sur le système nerveux périphérique en diminuant le réflexe nociceptif au niveau de la moelle épinière et du tronc cérébral. Les éléments neurophysiologiques expliquent particulièrement bien l’interaction entre hypnose et douleur aiguë.

 

            Concernant la douleur provoquée par les soins, elle repose sur un accompagnement qui va permettre au patient, selon le cas, soit de moins ressentir ce qui se passe sur le moment, soit d’en jouer plus facilement (de moduler la douleur autrement).

L’idée n’est pas que le patient ne perçoive pas la douleur éventuelle, mais qu’il la perçoive le moins possible et d’une telle façon qu’il s’en désintéressera, trouvant plus d’intérêt à ce qu’il peut faire ou imaginer par ailleurs.

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La douleur chronique, c'est une douleur qui persiste au-delà de trois à six mois. Cette douleur permanente résiste aux traitements usuels. Pour le patient, elle devient l'essentiel de sa maladie.

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La douleur chronique renvoie à l'hypnose. Elle est fixation de l'attention, réduction du monde sensoriel et affectif du patient, et elle s'amplifie grâce aux processus de pensée, tels que l'imagination et la mémoire, à travers le langage intérieur fait de mots et d'images. 

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La douleur chronique est quasiment un enfermement hypnotique de la personne, et l'on comprend que parmi les approches thérapeutiques, l'hypnose est une possibilité de libérer le patient de cette douleur/enfermement, de cette douleur/captation.

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Source : Vaincre la douleur par l'hypnose et l'autohypnose, Christine Cazard-Filiette, Chantal Wood et Antoine Bioy

Acouphènes

Acouphènes

L'hypnose est connue dans le traitement des acouphènes depuis 1950 (Pearson et Barnes).

 

C'est à l'inefficacité relative de la médecine traditionnelle dans ce domaine que l'hypnose, comme d'autres thérapies alternatives, doit son gain de crédibilité.

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L'objectif de la thérapie est de permettre aux patients de se dissocier de la perception consciente de leurs acouphènes. 

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Dans certains cas, on obtient une suppression totale de la perception elle-même, autrement dit, des acouphènes. Plus raisonnablement, on peut espérer aider les personnes à se départir de la perception perturbante. Le phénomène acouphénique persiste, mais n'a plus de retentissement sur la qualité de vie. 

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Bien que le plus souvent l'hypnothérapie n'ait pas d'effet direct sur les pathologies sous-jacentes de l'acouphène, elle aide un grand nombre de patients à retrouver une meilleure qualité de vie. Selon les études, 65 à 75 % des personnes acouphéniques tireraient un bénéfice de cette technique, 36% des personnes résistantes à toutes les autres formes de thérapie retrouveraient un mieux-être général grâce à cette dernière. L'hypnose, en effet, accroît les capacités à gérer les acouphènes et les symptômes associés : le stress, la dépression et les troubles du sommeil. 

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Source : Les acouphènes, traitement par l'hypnose, Evelyne Josse (2006)

 

Accompagnement Obstétrique

Accompagnement Obstétrique

Combiné avec votre préparation à la naissance avec votre sage-femme, je vous propose un accompagnement en hypnose dont le but est de vous apprendre l’autohypnose que vous utiliserez en préparation et le jour de votre accouchement.

 

Cet accompagnement nécessite trois séances 

  • La première : apprendre à nous connaitre, répondre à vos questions sur l’hypnose, première séance d’hypnose.

  • Deuxième séance : apprentissage d’un lieu refuge.

  • Troisième séance : Travail sur les sensations physiques intenses contractions)

 

Ces séances sont complétées par des audios qui vous permettrons de devenir autonome.

Examens médicaux (bloc-opératoire)

Examens médicaux (bloc-opératoire)

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Parathyroïdectomie sous hypnose

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Eric Nauté - Dr Brigitte Lestienne - Dr César Cartier

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Pôle Neurosciences Tête et Cou du CHU de Montpellier 

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Hypnose et cancer

Hypnose et cancer

Dès l’annonce du diagnostic, le patient est plongé dans un traumatisme émotionnel engendrant beaucoup de stress, d’anxiété et de dépression. Une sensibilité émotionnelle particulière s’installe modifiant alors sa perception de la réalité.

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Les traitements par chimiothérapie, radiothérapie et chirurgicaux sont autant de sources d’atteinte à l’intégrité physique du patient qui, plongé dans une incertitude latente, n’est parfois plus capable d’évaluer les évènements de façon positive.

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De la consultation médicale à la salle d’opération en passant par les divers examens per-opératoires, et les traitements post-opératoires, l’hypnose trouve sa place pour aider le patient à vivre au mieux ce moment particulier de sa vie.
 

Hypnose et autohypnose peuvent réduire le stress, améliorer les facultés d’adaptation et améliorer la réponse immunitaire (Cellules NK).

 

L’hypnose est une technique complémentaire à user sans modération dans le domaine
du cancer .

 

Bien sûr en aucun cas il ne faut se substituer aux traitements classiques (chimiothérapie,
radiothérapie ,chirurgie)

 

Source : L’hypnose médicale. Un plus dans l’accompagnement du patient porteur d’un cancer.
Edition Satas

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